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Critique

Onfray mieux sans Dieu

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Déconstruire les monothéismes, démonter les théocraties : deux notions-clés de Michel Onfray pour guérir la «névrose infantile de l'humanité».
publié le 24 février 2005 à 0h43

«Quelle bête triste et folle que l'homme!» Il est capable de tout, peut donner vie à la vie, faire reculer des montagnes, retarder la mort, aller sur la Lune, peupler le monde de merveilles - mais ne manifeste jamais autant son génie que dans l'art de se torturer lui-même, tresser des cordes pour se pendre ou fabriquer des pièges de malheur qu'il prend soin de ne point éviter. Son chef-d'oeuvre, c'est la religion ­ «soupir de la créature opprimée», «opium du peuple», «névrose infantile de l'humanité», chemin de fables et de chimères, voie royale d'accès à la mauvaise conscience, à la soumission, au martyre et à la meurtrissure de la chair, «délire de la volonté dans la cruauté psychique dont à coup sûr on ne trouvera pas d'équivalent», par quoi l'homme «jette hors de lui-même toutes les négations, tout ce qui le pousse à se nier soi-même, à nier la nature, la spontanéité, la réalité de son être pour en faire l'affirmation de quelque chose d'existant, de corporel, de réel, Dieu, Dieu saint, Dieu juge, Dieu bourreau, l'Au-delà, le supplice infini, l'enfer, la grandeur incommensurable du châtiment et de la faute», volonté démente, enfin, «d'ériger un idéal ­ celui du Dieu très saint ­ pour bien se rendre compte en présence de cet idéal de son absolue indignité propre».

Voilà, dira-t-on, des paroles de benêts (Marx, Freud et Nietzsche) qui font semblant d'ignorer que la religion attache les hommes par des liens d'amour, des propos de mécréants, d'impies, d'athées ou de «libres pe