On connaît Stéphane Bouquet dans les coins, derrière les affiches de cinéma, scénariste qu'il est des films de Sébastien Lifshitz (les Corps ouverts, Presque rien, Wild Side) ou de Yann Dédet (le Pays du chien qui chante). On l'avait vu en acteur dans la Traversée, paysage autobiographique et fantôme où il cherchait un père inconnu, ne le retrouvait que pour le perdre, ne voyageait que pour la route à faire. On sait moins parfois qu'il est aussi souffleur de papier, qu'il range sa poésie dans des vers et des livres, en plus de celle qu'il raconte en images ou qu'il se contente de vivre.
Avec ce troisième recueil, le programme est simple dès le titre. Le mot, c'est la langue ; le frère, c'est le désir on n'ose pas écrire «homosexuel» car cet adjectif taille petit, non, disons, le désir de partager un monde. Certes, on fera une promenade jonchée de T-shirts en sueur et «de la profuse beauté des visages», mais aucun cliché par ici, Stéphane Bouquet s'en explique dans la dernière étape de l'ouvrage : «Je sais depuis longtemps que je vais passer ma vie à grimper, à désirer grimper d'ailleurs et plutôt, les sentiers des torses, c'est à peu près la seule expérience qui me donne un monde. Je ne sais pas pourquoi je suis en marche inlassable vers la clairière d'eux et ce que j'espère de là-bas où je n'arriverai pas, où j'arrive de moins en moins à mesure que ma mort se répand. Mais j'espère.» C'est un écrivain arpenteur, releveur de coordonnées, il cartographie le monde et ses abs