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Libération

Grande distribution.

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publié le 10 mars 2005 à 0h54

Pour des raisons pratiques, nous n'avons pu assister au débat «Que peut la littérature ?» organisé le 9 décembre 1964 par la revue Clarté. L'organe des étudiants communistes avait invité Beauvoir, Sartre, Semprun, Yves Berger et autres pointures à venir causer devant cinq mille personnes à la Mutualité. Il fut question d'engagement, de Nouveau Roman et d'horizons possibles. Par chance, rien ne s'est opposé à ce que nous suivions la session de rattrapage organisée mardi par la Fnac, filiale du groupe Pinault-Printemps-Redoute, acteur majeur du luxe. Ce fut un débat impeccable. Le thème «Que peut la littérature ?» avait été enrichi pour l'occasion de cette question supplémentaire : «Les mots changent-ils le monde ?» Le lieu était cette fois le Théâtre du Rond-Point, les sièges garnis de 200 lycéens environ ­ lesquels n'avaient pas jugé opportun de se joindre à la manif contre la loi Fillon qui animait les rues ce jour-là.

Avec beaucoup d'aisance, Michel Field distribua la parole à chacun des délégués de classe, qui purent ainsi poser des questions précisément définies à l'avance. Furent abordés les sujets suivants : télévision et littérature, cinéma et littérature, langue et littérature, laïcité et littérature. Pour répondre aux lycéens, un bel aréopage : Jorge Semprun (seul survivant de 1964), Edmonde Charles-Roux, Eduardo Manet, Tahar Ben Jelloun et quelques autres. Sur les murs, de jolis calicots de la Fnac, puisque la manifestation était avant tout une manière de faire mous