Le titre est emprunté à Claudel, et l'idée à Dieu. Il s'agit ici non seulement de s'étonner des coïncidences, de s'en accommoder si on peut, mais aussi de leur prêter un sens, tout en dégageant sa propre responsabilité, comme le narrateur le laisse entendre, un peu sibyllin, page 95, (pardon Jessica) : «Quelqu'un m'a dit un jour que les coïncidences étaient des miracles pour lesquels Dieu avait décidé de rester anonyme.» Alors mettons qu'on ne vous a rien dit. Nous parlons de la vie des morts.
Eugenio Tramonti raconte sa vie. Il est vivant. Christian Garcin le connaissait déjà, d'un livre précédent, le Vol du pigeon voyageur, d'où une certaine complicité, une inclination à la confidence. Eugenio raconte un épisode récent de sa vie, un rêve ou deux pour commencer, pour semer quelques grelots dans son récit qui viendront tinter avec d'autres pour former ces miracles troublants des coïncidences : explorer un terrier à taille humaine où se réfugient des morts encore un peu vivants, ou des vivants qui n'y croient plus trop, ou bien longer un fleuve en Chine. Puis, après cette mise en jambes, il relate en détail la visite que lui rendit la veille ou le matin même Shoshana Stevens. Cette petite femme aimable et modeste dont on sent l'empreinte du sac à main pressé sur son giron, un peu trop grise pour n'être personne comme dans un film de Hitchcock, s'occupe de recherche de personnes disparues, disparues pour de bon, la preuve, elle vient lui donner des nouvelles de son père, mort e