Tout commence à la plage, le héros s'apprête à lire, ouvre son livre, et paf ! une mouette décharge un de ces obus qui mettent un terme à telle paisible entreprise. Un autre livre l'attend. Le livre de sa mère. J.H. avait emporté le présent comme on trimballe une mauvaise conscience. L'ouvrage, c'est Shoah de Claude Lanzmann ; quant à la mère de J.H., elle est juive, fatalement. Peut-on rire de tout ? Olivia Rosenthal ne se prive pas. Du moins, de rire de tout ce qui la concerne : son identité, laquelle n'est pas sans lien avec la judaïté. L'auteur des Fantaisies spéculatives de J.H. le sémite se joue ainsi de toutes les prescriptions de la loi mosaïque : de l'interdit de la consommation de viande porcine (on notera la facétieuse complicité de l'éditeur qui a fait figurer des petits cochons en couverture) au strict respect du sabbat en passant par la prohibition de toucher sa douce moitié en période de menstrues.
Les chapitres des aventures de J. H. J. H. comme «Juif Honteux», «Jusqu'au-boutiste Hébraïque», «Jaseur Hérésiarque» se déclinent comme autant de tentatives de s'émanciper du carcan familial et religieux. Couper ce cordon ombilical aux allures de noeud coulant. Comment ? En allant systématiquement contre. Cela ne se produit certes pas sans quelques tiraillements. Car, chez J. H., biologiste de profession et de conviction (un métier qui prouve que les races n'existent pas), lorsque la culpabilité ne s'en mêle pas, c'est la paranoïa qui prend le dessus. Bouffer du