L'adolescente de Seine-Saint-Denis, le premier roman de François Vergne, vivait seule avec sa mère. Celle de Vie nouvelle vit seule avec son père. Elle a des grands-parents espagnols chez qui elle passe l'été au début du livre, un frère interne qu'on verra peu, et une soeur aînée qui travaille dans une boutique à Orléans. Le rôle de chacun est défini, non par la psychologie, mais par une succession de gestes. La succession des jours naît de ces gestes répétés. La soeur aînée vient dès qu'elle le peut remplir le réfrigérateur, stocker les croquettes pour le chat, faire tourner la machine à laver. Elle a sur la famille l'autorité protectrice que confèrent ces activités. A elle les leçons de morale, et la consolation. A elle aussi, les attributs de la féminité, le parfum, le maquillage. Elle n'essaie pas de prendre la place de la mère, elle s'efforce de combler le manque, c'est d'ailleurs ce qu'on attend d'elle. Mais ceci n'est pas dit, c'est déjà une interprétation.
Ils vivent à Limoges. On suppose à l'adolescente une quinzaine d'années, elle a encore une année de collège à faire. Aucun membre de la famille n'a de prénom. Le père travaille sur des chantiers, il se lave longuement les mains quand il rentre à la maison, puis il descend dans le garage. Il peut parler carburateurs avec le compagnon de sa fille aînée, Mehdi, «et Mehdi, quand est-ce qu'il passait contremaître ?». A la fin, ils déménagent dans la région parisienne, le père a demandé à sa fille ce qu'elle en penserait,