Menu
Libération
Interview

D'Amila à Dominici.

Article réservé aux abonnés
Comment Jean Meckert-Amila a écrit la totalité de ses livres. Entretien avec son fils Laurent.
publié le 24 mars 2005 à 1h07

Il est arrivé dans cette brasserie voisine de la Bourse vers dix-huit heures, vêtu d'un anorak bleu vert. Moustachu, aux cheveux courts poivre et sel, le regard perdu des timides, Laurent Meckert est le fils de Jean Meckert.

Comment est née cette légende de Jean Meckert fils de mutin fusillé dans les tranchées ?

C'est son roman le Boucher des Hurlus qui a contribué à la faire naître. Il y avait dans ce livre des éléments autobiographiques. L'enfant, le héros, a été comme lui, envoyé dans une sorte d'orphelinat, sa mère a été frappée par une terrible dépression quand elle a appris que son mari ne reviendrait pas après la guerre et elle a été enfermée dans un hôpital psychiatrique, comme ma grand-mère.

On a dû demander à mon père si c'était son histoire, il a dû répondre oui, distraitement, sans s'apercevoir que c'était l'histoire du père fusillé pendant la Première Guerre mondiale qui frappait le plus ses admirateurs. Ensuite, quand il a vu qu'une légende, celle du fils de mutin, était née, il a dû se dire que ce n'était pas une mauvaise publicité et il a laissé faire.

En fait, si mon grand-père n'a pas rejoint ses pénates après l'armistice, c'est qu'il était parti avec une autre femme. Jean Meckert a donc très peu connu son père. Il a eu de ses nouvelles en 1925, date à laquelle est arrivée chez sa mère la demande officielle de divorce. Il a su aussi qu'il faisait les marchés quelque part dans le Midi.

Comment avez-vous eu connaissance de l'existence de la Marche au canon, manusc