«Superman hands that could squeeze coal into diamonds.» C'est un peu ce que Thom Jones fait avec les mots, et c'est aussi, peut-être, ce qui a arrêté les éditeurs français de s'occuper de son cas depuis 1993, l'année où ce cogneur râblé a explosé sur New York avec ce livre, semblant devoir devenir la grande banane des arts et lettres pour un moment. Non seulement il avait cent cinquante combats derrière lui sur le ring, il en a sûrement aussi connu un ou deux au Vietnam, où il s'est battu chez les marines. Il posait à l'époque sur sa photo d'auteur en train de se bander les mains, devant un portrait de Joe Louis en pieds. Pas étonnant que le gratin de la littérature chez lui se pissait dessus pour être les premiers à l'accueillir à leur pinacle (ou faudrait-il dire condominium ?): Michael Herr, McGuane, Robert Stone, Joyce Carol Oates, tous saluèrent l'arrivée d'un grand.
Il travaillait paraît-il déjà sur un roman. La jaquette de Cold Snap, le deuxième recueil de nouvelles, deux ans plus tard, l'annonçait encore. Celle du troisième, en 1999 (Sonny Liston Was a Friend of Mine) n'en parle déjà plus. Jones semble devoir faire sa marque en publiant régulièrement des nouvelles dans le New Yorker, Playboy, Harper's et Esquire. Et, disons-le d'emblée, c'est un formidable putain d'écrivain, à déguster à petites doses, reprendre les histoires depuis le début, sucer les mots comme des bonbecs. Alors ?
Alors, on en revient aux charbons et aux diamants. Plus qu'aucun autre peut-être, Jone