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Libération
Critique

Meckert canonisé.

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Avec un inédit sur la Débâcle de juin 40, «la Marche au canon», retour en force de Jean Meckert, auteur des «Coups», qui, voici dix ans, emporta dans la tombe son double noir Jean Amila .
publié le 24 mars 2005 à 1h07

La Marche au canon est un texte inédit que Jean Meckert, romancier trop méconnu, écrit selon toute vraisemblance en 1940-41. Il a alors 30 ans et il est tour à tour soldat d'une armée en débâcle fuyant sur les routes, interné en Suisse, puis de retour à Paris quelques mois plus tard, scribe à la mairie du XXe arrondissement. Dans ce roman court, il fait raconter la guerre telle qu'il l'a vécue par un dénommé Augustin Marcadet, jeune Parisien et conscrit comme lui. Marcadet se souvient de la mobilisation, du départ vers le front de l'Est : personne n'a envie de partir se battre et tout le monde se demande comment on en est arrivé là. Pour prévenir le désespoir qui guette, ou toute velléité de penser, on bourre la troupe de discipline, d'oisiveté et de vinasse. L'état-major peut aussi compter sur la fameuse «gaîté française», calembours, plaisanteries de garçon de bains et chansons imbéciles («il est cocu le chef de gare...»).

Pendant des mois, Marcadet attend le déclenchement de l'attaque, pensant à sa femme et envahi par une mélancolie profonde. Et puis, «un beau matin de mai, on a entendu un sifflement dans le ciel, qui descendait et s'amplifiait, passait au grave puis au rauque, en moins de trois secondes, et devenait puissant comme une catastrophe... Est-ce par hasard ce qu'on appelle une bombe ?».

La «drôle de guerre» vient de se terminer. La Blitzkrieg commence. Quelques échanges de coups de feu et c'est la retraite. Dans le plus grand désordre. «On fout le camp !» devien