«A ma femme, à mes enfants que j'aime et à ma mère inestimable trésor de sagesse.» Cet exergue tout d'amour et de conformisme (même si on ne peut totalement exclure une touche d'ironie dans la dernière partie) n'annonce pas vraiment la couleur. On pourrait même dire que c'est une publicité mensongère. Guide des égarés (qui ne s'inspire pas vraiment de Maïmonide) est une farce délirante, cruelle et grinçante, une dystopie virulente, noire et drôle sur Israël, l'identité juive, la culture allemande, les relations hommes-femmes et la sexualité. Dans les meilleurs moments, on pense à Céline, Houellebecq ou Philip Roth ; dans les pires passages, on croit lire un tract de potache incontrôlable. Le narrateur a un côté imprécateur, constamment à la limite du perspicace et de l'odieux. Le roman laisse parfois mal à l'aise, il est souvent de mauvais goût et n'est pas vraiment sympathique, on voit très bien pourquoi il a été détesté par les conservateurs israéliens et adoré par des sites altermondialistes dont l'antisionisme violent bascule parfois dans l'antisémitisme. Mais il a une énergie et une force de provocation incontestables.
Guide des égarés, de l'Israélien Gilad Atzmon, a été publié en hébreu en 2001. Il raconte la vie et la mort de Günter (1) Wanker, peepologue (comme dans peep- show) de son état. La peepologie est la science du voyeurisme dont Wanker («branleur» en anglais) est le fondateur. Le texte est présenté comme une autobiographie retrouvée aux alentours de 2052 pa