L'objet de cet ouvrage est ingénieux : 47 historiens, parmi les meilleurs spécialistes, ont été invités à revisiter la trame événementielle d'un cours élémentaire et moyen de 1938, qui s'ouvre sur la fondation de Marseille en 600 avant J.-C. et s'achève avec la signature du traité de Versailles en 1919. Aux 75 dates du manuel (assorties de leurs «vignettes» et de leurs «leçons à réciter») répondent ainsi 75 commentaires, nourris des connaissances les plus récentes. Deux lectures sont possibles. La première, alarmiste, consiste à déplorer le progressif «affaissement de la chronologie» à l'école, les confusions, voire les risques de «dépérissement du sens de la profondeur historique» qui en résultent. S'il est clair que la mémorisation des dates n'est plus aujourd'hui la priorité absolue de l'enseignement primaire, Antoine Prost invite toutefois à ne pas surestimer l'efficacité de l'école de la IIIe République et à prendre en compte l'écart existant entre la datation et la compréhension réelle des temporalités. La seconde lecture, qui s'inscrit pour partie dans le sillage des Lieux de mémoire de Pierre Nora, déconstruit un peu plus avant le «grand récit national» élaboré par les historiens et les pédagogues du XIXe siècle. Les progrès du savoir historique ont eu raison de certaines certitudes : on sait désormais que l'an mil ne fut pas ce temps d'angoisse longtemps imaginé et que la guerre de Cent Ans ne fut jamais perçue comme telle par les contemporains. Mais les raisons maj
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Marignan ?
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par Dominique Kalifa
publié le 7 avril 2005 à 1h35
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