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Libération
Interview

On passe le mur du son

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Images, archives sonores : une étude sur les supports qui démultiplient les territoires de l'historien. Entretien avec les auteurs.
publié le 7 avril 2005 à 1h35

L'image et le son ont, comme chacun le sait, envahi le vingtième siècle. Le cinéma, le disque, la radio, la télévision forgent l'essentiel de la culture populaire ; le «viol des masses» que la propagande a opéré ­ et opère parfois encore ­ s'appuie largement sur une composante audiovisuelle qui minore la part de la presse et de l'affiche. Le progrès technique, enfin, a permis de fixer la parole des humbles et des puissants, sur des supports désormais pérennes allant de la cassette au CD en passant par le DVD. Ces mutations ont simultanément enrichi et compliqué la démarche des chercheurs en sciences sociales. Elles ont obligé sociologues et historiens à arpenter de nouveaux champs, ce qui explique en partie d'essor de l'histoire culturelle. Elles les ont surtout amenés à utiliser de nouvelles sources. Comment, de fait, retracer la guerre d'Algérie sans analyser l'impact de la radio sur les hommes du contingent ? Peut-on, pour évoquer l'immigration, se passer du témoignage oral des déracinés ? Peut-on écrire l'histoire de la Résistance sans donner la parole aux acteurs ?

Simple dans son principe, cette feuille de route bute pourtant sur de sérieux obstacles dont la liste donne le vertige. Se posent en effet des problèmes juridiques. En termes de droit d'auteur, à qui, par exemple, appartient l'entretien réalisé entre un historien et un président de la République ? La conservation des documents, par ailleurs, n'est pas aisée, qu'il s'agisse des bandes magnétiques ou des premier