«C'était comme ça, le golf. Aussi cruel qu'un pied-bot.» Juste pour nous avertir qu'un dix-huit trous de country-club a beau paraître un terrain inattendu comme aire de combat pour le sixième roman de Pete Dexter (plus coutumier des bas-fonds de Philadelphie ou des salles de rédaction de Floride, quand ce n'est pas les marécages), il y aura autant d'ecchymoses et de noirceur que d'habitude. En fait, une fois fini de lire, on peut raisonnablement conclure que le golf est le sport le plus cruel du monde. On ne peut que se battre soi-même. Ce qui, semble vouloir dire Dexter, est la moindre des justices pour tous ces connards. Un gros type au début, nommé Pink, en arrive au point «où il se fichait de la beauté du jeu ou de quoi il avait l'air devant ses copains, ce qui, avec le golf, est la pire déculottée qui soit».
Ça se passe dans un country-club fictif de Brentwood, vrai quartier exclusif de Los Angeles, dans les années cinquante. Les Noirs ne sont admis que comme caddies, les Mexicains que comme jardiniers. Le héros, Train, est un jeune Noir qui ressemble encore à un garçon. Et qui joue comme un dieu. Avant qu'on puisse seulement songer «Tiger Wood», même revu et corrigé par Ed Wood, Dexter nous remet la tête en place. Train n'est pas fils du privilège. Il est en train de se faire évincer de chez sa mère par un bon à rien (sauf à la baiser) nommé Mayflower, et il s'en ficherait plutôt, s'il ne s'inquiétait pour son chien. Tout le monde hérite de quelqu'un dans ce roman : Tra