Menu
Libération
Critique

Urbi et Obi

Article réservé aux abonnés
Déboires californiens d'un jeune immigrant issu d'une famille aisée du Nigeria.
publié le 14 avril 2005 à 1h46

L'immigrant débarquant aux Etats-Unis est un type littéraire assez productif. On en connaît les avatars irlandais, juifs, asiatiques ou russes, voici qu'arrivent les Africains. Ceux du Conte du squatter sont anglophones puisque Nigérians, mais avec un accent tel qu'ils font tout pour s'en débarrasser. «C'était une question de survie : pour beaucoup d'oreilles américaines, un accent étranger était repoussant comme une mauvaise odeur.» Il n'y a pas que l'accent. Obi, le jeune narrateur du Conte du squatter, est issu d'une famille aisée de Lagos (père fonctionnaire, mère professeur, diplôme d'économie), mais ça ne change rien à son statut d'immigré africain : il se retrouve comme les autres dans les soutes du rêve américain. Ses contacts avec le nouveau pays se résument à quelques expériences minables ou désastreuses : faux papiers, travail sous-payé, taudis aux murs eczémateux et à l'odeur violente «de fumée de cigarette et d'huile de friture, de transpiration et d'humidité». Sans compter un racisme tous azimuts : Blancs contre Noirs, Noirs contre Blancs, Noirs américains contre Noirs africains et vice versa. Parmi ses compatriotes d'Oakland, deux ont réussi. Ezendu, un médecin qui habite un quartier blanc, mais dont la femme ne va plus aux réunions de copropriété, elle ne supporte plus qu'on fasse semblant de ne pas comprendre son accent. Andrew, un ancien copain de fac, devenu le pilier d'une Eglise protestante qui combat satanistes, homosexuels, rappeurs et autres mères cél