Par chez nous, saint Georges, qui a sa place au calendrier le 23 avril (samedi prochain), est surtout connu comme pourfendeur de dragons. En Catalogne, on l'appelle San Jordi, et on célèbre ses exploits en les assaisonnant d'un zeste de galanterie: du sang du dragon aurait jailli un rosier rouge pour que le saint-trucideur puisse cueillir une fleur à la princesse. Depuis lors il est de bon ton, à Barcelone, le 23 avril, que les jeunes gens offrent une rose à leur belle et qu'elle leur donne un livre en retour. Le livre, peut être par hommage à Cervantes, mort le 23 avril 1616 (ou bien à Shakespeare, mort à la même date, mais sous ces latitudes c'est moins probable).
Quoi qu'il en soit, les libraires espagnols ont institutionnalisé la tradition en associant ce jour-là une fleur aux livres qu'ils offrent à leurs clients. La coutume a franchi les frontières : la «San Jordi», exportée et adoptée dans plus d'une centaine de pays, a été officialisée «fête mondiale du livre et du droit d'auteur», en 1995, par la conférence de l'Unesco.
La France, longtemps à la traîne (hors Sud-Ouest et libraires de l'Atlantique) s'est, depuis cinq ans, mise au diapason, sous l'impulsion de l'association Verbe, créée par Marie-Rose Guarniéri, libraire à Montmartre. La sixième San Jordi de l'Hexagone, ce week-end, va s'affirmer comme «la» fête de la librairie indépendante. Bénéficiant pour la première fois du soutien officiel du Syndicat de la librairie française (SLF), la manifestation rassemble plus