Voilà un roman dont on peut dire qu'il est cérébral. Ce sont les réflexions de cinq femmes à propos d'un homme journaliste redouté, séducteur frénétique qui a été vital pour elles. Il s'appelle Salomon Schwartz, dit Mon, et il est mort, à 49 ans, en 1995. La compréhension de soi, des autres et du monde est en jeu, pas seulement la puissante personnalité de Mon. L'auteur tisse des liens entre ses personnages à force de rencontres, de conversations, sans souci de psychologie, et comme si la vie quotidienne n'était en aucun cas l'affaire des écrivains. Bien sûr, l'intelligence du coeur semble lui importer. Cette histoire qui procède par approfondissements et affirmations théoriques, n'est pas close sur elle-même, ni glacée, ni mesquine. Elle est riche de prolongements, elle contient suffisamment de munitions pour que le lecteur poursuive la discussion tout seul une fois le livre refermé. Elle met en mouvement la passion des idées, l'une de ces idées étant que la fiction est une clé plus intéressante que la biographie pour accéder à la vérité des individus.
Cinq femmes (et quelques autres) essaient de progresser sur le chemin de la réconciliation : celle auprès de qui Salomon s'est finalement posé est psychiatre, elle écrit des livres comme Pathologie du théâtre, ou l'Economie du Devoir. Une des deux amies de Mon est une prostituée qui «fait la fenêtre» après avoir été en maison. L'autre est religieuse, c'est sa «soeur en Dieu». Il y a enfin «l'histriconne», une actrice très