Menu
Libération
Critique

Kris l'opticien.

Article réservé aux abonnés
En examinant le «style rustique», l'esthéticien viennois avait tiré un fil inattendu.
publié le 26 mai 2005 à 2h20

Un livre stratifié. D'abord, un portrait d'Ernst Kris (1900-1957), historien d'art viennois dévoyé par Freud et devenu psychanalyste (et rassemblant ses deux vies parallèles après son exil, en 1938, aux Etats-Unis), écrit par son ami l'historien d'art Ernst Gombrich, avec lequel il projetait un grand livre sur l'histoire de la caricature. Puis, la thèse de doctorat de Kris, le texte-titre de l'ouvrage, le Style rustique, de 1926, où s'enchâssent deux monographies, de l'ornemaniste Wenzel Jamnitzer, actif à Nuremberg, et du céramiste français Bernard Palissy, tous deux liés à l'histoire du maniérisme aux XVe et XVIe siècles. Puis le texte qu'écrivit Ernst Kris, l'année suivante, consacré à «Georg Hoefnagel et le naturalisme scientifique». Ensuite, une étude de Patricia Falguières, professeur à l'EHESS et à l'école des beaux-arts de Bordeaux. De la même enfin, avant l'index final, une surprenante bibliographie commentée. Voilà donc un ouvrage rhizomique ou plutôt un livre à tiroirs, un cabinet à secrets, qui indique quelque chose de l'histoire de l'art aujourd'hui.

L'objet du texte d'Ernst Kris est une indication sur cette histoire de l'art : suivre le «chemin de traverse» d'une pratique technique, le «style rustique». Soit le moulage d'après nature d'éléments aussi pittoresques que des reptiles, des coquillages ou rocailles, entre autres illusions minérales, florales ou animales. Kris définit comme un style ce qui jusqu'alors en était écarté, afin de comprendre l'écart de son