Bientôt centenaire, la loi du 9 décembre 1905 garantit la liberté de conscience, mais inscrit surtout la laïcité et la neutralité religieuse au coeur du fonctionnement de l'Etat. «La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte», précise son célèbre article 2, rompant ainsi avec le Concordat napoléonien qui organisait et finançait depuis 1801 les religions «reconnues». Pour Jacqueline Lalouette, spécialiste de l'anticléricalisme aux XIXe et XXe siècles, cet épisode majeur ne s'explique en effet qu'au regard d'une histoire longue, celle du régime des cultes dans la France contemporaine. Son ouvrage, ample synthèse des travaux disponibles sur ces questions, offre donc une relecture minutieuse des relations entre l'Etat et les institutions religieuses depuis la grande secousse de 1789. La Constitution civile du clergé donna le ton en 1790 (et une première Séparation eut lien en 1795), mais l'ouvrage montre que ces débats accompagnèrent toutes les grandes étapes politiques du siècle, depuis la Charte de 1814 qui rétablit le catholicisme comme «religion de l'Etat» jusqu'aux grandes lois laïques imposées par les républicains des années 1880 (école, divorce, etc.). Il détaille, chemin faisant, les principaux acteurs d'un programme séparatiste qui s'aiguisa sous la monarchie de Juillet grâce à Lamartine ou à Auguste Comte, et se radicalisa durant le Second Empire, sous l'emprise des libéraux, des républicains, des protestants, mais aussi de certains catholiques
Critique
Le droit à la paroisse
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par Dominique Kalifa
publié le 26 mai 2005 à 2h20
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