Les articles de Paul Nizan rappellent qu'il est à la fois un écrivain de combat, un strict communiste et un styliste de grande classe : on ne peut jamais le réduire à l'une de ces catégories. Nizan est trop intelligent pour n'être que militant et trop militant pour n'être qu'intelligent. Il utilise son talent d'écrivain (et de lecteur) pour alimenter son combat contre démocrates bourgeois et fascistes. Mais ce talent vit dans ce combat. Son engagement lui désigne les auteurs à tuer ou ceux qu'il faut soutenir ; l'analyse de leur oeuvre, à l'intérieur du cadre martial, est souvent juste et précise.
Ce premier tome contient les textes allant de 1923 à 1935. Ils sont publiés dans l'Humanité, Regards, Monde, la Pravda ou Littérature internationale. On y trouve trois types d'articles : littéraires, politiques, ou plus intimes, souvent de première jeunesse, ou annonçant certains livres, les Chiens de garde, le Cheval de Troie. Paul Nizan entre au PC en 1927 : la «ligne» détermine ses textes. Jusqu'en 1934, elle est dure : contre l'ennemi de classe autrement dit, tout ce qui n'est pas communiste. Paul Nizan écrit alors des notes de lecture sauvages. Elles ont une violence polémique dont notre époque a perdu l'habitude. Le sens du combat est clair : «C'est notre tâche d'éclairer ces hommes que mille déformations bourgeoises retiennent et attardent dans leur marche» (vers l'avenir promis par les communistes).
Les étoiles littéraires de droite ou radicales, tous ces «nains bien frisés