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Libération
Critique

Avec le temps

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Une fille, un garçon, deux mondes qui se croisent et se rencontrent parfois.
publié le 2 juin 2005 à 2h26

Un jour, on se met à avoir envie d'endives, on donne au chat le nom qu'on lui aurait donné si on en avait eu un quand on était petit. Un jour, on devient fièrement mauvais élève, on a «changé de tiroir», on parvient à caser dans la conversation une réplique comme on en rêvait. Fille ou garçon, un jour, on grandit. Alors, ce ne sont plus les enfants qui attendent que les parents rentrent, mais les parents qui s'angoissent que les enfants sortent.

En somme, c'est le sujet du devoir qu'au collège, Benjamin et Sera (prénom qu'elle préfère à Aube) doivent rédiger ensemble : «La fuite du temps». Ils ont une excellente note («16,5»), mais Sera ne le saura pas, entre-temps elle a déménagé. Elle retourne vivre avec son père, sa belle-mère et son nouveau frère. Benjamin vit seul avec son père, ça ne bouge pas, à peine arrive-t-on à casser les souvenirs, s'ils sont de porcelaine. La mère de Benjamin est au cimetière, il y a des photos d'elle partout dans l'appartement. Sera repensera à cette atmosphère étouffante qu'elle respirait chez le voisin, elle y repensera quand la mort viendra rôder, un soir de virée en fin de semaine.

Quand on s'est perdu de vue, peut-on se retomber dans les bras ? Quand on a partagé une fois un secret, est-ce pour la vie ? Garçon et fille, est-ce pareil ? Carnet d'absences, deuxième roman de Patrick Goujon, auteur d'un frappant Moi non il y a deux ans, remplit les blancs. Benjamin et Sera se rencontrent dans un supermarché. Qui étaient-ils ? Douze ans plus tôt,