Sans doute est-ce à cause du s et du f. Le s lui donne un côté incisif, serpentin et sournois, mais le f, que les puristes voudraient redoublé, l'affaiblit quelque peu, et émousse son tranchant. Aussi ne sait-on pas s'il blesse vraiment ou s'il ne fait qu'effleurer et érafler. Ce n'est pas un assassin, ça c'est sûr : la satire décoche des traits plus meurtriers. C'est juste un voyou, un peu cynique, certes, mais ni méchant, ni cruel. Sapé comme un prince, sophistiqué, drôle parfois, il ne recherche pas le casse du siècle, plutôt des petits coups raffinés, futiles même, qui ridiculisent la dupe et épatent les copains. Il paraît somme toute plus sympathique que l'ironie, qui fait rire et sourire, bien entendu, mais qui, en surexposant ou en sous-exposant la vérité pour mieux la montrer, laisse entendre, hautaine, qu'elle est experte en vérité, et que la vérité, elle la possède sans l'ombre d'un doute. Mais il est beaucoup moins amène, gracieux et avenant que l'humour, lequel n'a jamais d'arrière-pensée, ne veut rien gagner, pas même un applaudissement, et se contente d'organiser gratis les fêtes de l'intelligence. C'est pourquoi on a du mal à le situer, le persiflage.
Pierre Chartier, professeur à l'université Paris-VII, dix-huitièmiste, s'y est essayé avec bonheur, une réelle élégance d'écriture et, évidemment, le mauvais esprit qui sied au persifleur et a réussi à donner au persiflage (un presque-rien en apparence) non seulement une fonction littéraire, stylistique, mais