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Libération
Critique

L'apprenti sur le tout.

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En 150 lettres, l'amitié entre Henri Calet et Raymond Guérin.
publié le 9 juin 2005 à 2h32

Quand Jean-Paul Kaufmann travaillait à la bibliothèque Jacques-Doucet sur un certain Raymond Guérin, il faisait souvent la fermeture avec une universitaire farouchement spécialiste du surréalisme. Intriguée, cette dernière consulte le Robert des noms propres : point de Guérin. Pour tempérer le dédain de la dame, Kaufmann lui raconte que Guérin était ami avec Henri Calet. Elle n'en a jamais entendu parler. Kaufmann raconte cette anecdote qui aurait amusé Calet et rendu furieux Guérin dans le livre affectif qu'il a consacré à ce dernier (1). Ici et là, il cite des extraits de la correspondance entre les deux écrivains. Voici qu'elle paraît au complet, 150 lettres environ, extraites du Fonds Doucet, grâce aux bons soins de Jean-Pierre Baril pour qui tout ce qui a trait à Calet vaut de l'or et on ne saurait lui donner tort.

La spécialiste du surréalisme trouvera dans cette correspondance une bonne entrée en matière pour connaître ces auteurs, car Calet parle admirablement des livres de Guérin et inversement, les deux sans flagornerie. C'est cette estime littéraire réciproque qui fonde leur amitié et c'est la géographie qui fonde leur correspondance : Calet habite Paris dans les grandes largeurs tandis que Guérin est vissé à Bordeaux où un job dans les assurances assure son ordinaire.

Ils se rencontrent à Paris à l'automne 38 à la faveur d'un des rares voyages de Guérin dans la capitale. Calet est né en mars 1904, Guérin en août 1905, le premier a publié la Belle Lurette en 1935, l