L'autofiction. C'est simple : on ne parle plus que de ça. Pas moyen de faire cent mètres dans la rue sans tomber sur un débat sur l'autofiction. Bientôt l'«écriture de soi» (mais y en a-t-il une autre ?) aura son propre rayon dans les librairies, son salon Porte de Versailles, sa chaîne câblée et probablement son projet de Constitution. Paradoxalement, ce début juin est plutôt calme : juste une petite journée d'étude sur le thème «Genèse et autofiction» samedi dernier à Normale sup Ulm, et une soirée littéraire sans chichis mardi soir à l'Institut culturel néerlandais, avec pour sujet : «Partir du réel». Camille Laurens a participé aux deux. Elle n'en peut plus. Evitez de l'inviter à parler d'autofiction pendant au moins trois semaines.
Que dit-on dans ces colloques ? On dit qu'«autofiction» est un mot vraiment crétin, et que de toute façon peu importe d'où l'on part (le réel, donc), l'essentiel est là où l'on arrive (la littérature, bien sûr). Tout le reste est littérature, et autofiction. Vous voyez qu'on tourne en rond. Heureusement, ces torpides débats dérivent souvent vers des sujets plus légers : avantages des plages de la Bretagne-Nord, inventaire du patrimoine berrichon, entretien du gazon au printemps. Contre la mousse, que pensez-vous du sulfate de fer ?
Mardi soir, chez nos amis néerlandais, le thème alternatif fut la séduction. Aux côtés de Camille Laurens (haut blanc, cheveux violemment tirés en queue de cheval), il y avait Connie Palmen (haut noir, cheveux en pét