En 1979, Michel Faber, né aux Pays-Bas mais qui tient son prénom français du fait qu'il a, dit-il, «été conçu» à Paris, étudie la littérature du XIXe siècle à l'université de Melbourne. «J'adorais Dickens, mais aussi Carlyle et les écrits de Marx. C'est alors que j'ai écrit les cent premières pages de la Rose pourpre...» De cette première mouture, interrompue pour cause de déboires sentimentaux, subsistent des pages couvertes d'une écriture fine et régulière retraçant les faits et gestes d'une jeune héroïne baptisée Phoenix. L'action se situe à Londres à l'époque victorienne.
Dix ans passent. Michel vit avec sa deuxième femme qui l'encourage à exhumer le manuscrit. Mais du premier jet de l'histoire de Phoenix et de sa fin tragique ne subsiste que ce personnage, pourvu d'un nouveau nom, Sugar, et d'une trajectoire qui est celle que le lecteur découvre aujourd'hui: «Je suis reparti sur de nouvelles bases en tenant compte de la leçon de George Eliot et du contexte féministe dans lequel je vivais.» La Rose pourpre et le lys met en scène Sugar, une jeune prostituée qui n'est autre que la fille de la tenancière du bordel londonien que fréquente William Rackham, un riche homme d'affaires empêtré dans ses problèmes familiaux. William tombe éperdument amoureux de cette catin d'un genre très particulier qui non seulement se rebelle contre son sort mais écrit. Nous découvrons aussi l'épouse de Rackham, Agnes, qui tente d'échapper à la folie qui la guette et se bat avec des hallucination