Ses vingt-cinq chroniques recueillis dans la Locomotive ivre sont surtout l'occasion d'évoquer Mikhaïl Boulgakov journaliste. Ces petits textes n'ont certes pas l'envergure de la Garde blanche, Récits d'un jeune médecin et le Maître et Marguerite, mais ils manifestent d'une certaine façon le pur don de satiriste de l'écrivain russe né en 1891 et mort en 1940 sans avoir jamais sympathisé avec le communisme de son pays. La plupart des textes étaient déjà lisibles parmi les 188 Articles de variétés et récits (1919-1927) parus dans le premier volume Pléiade consacré à l'auteur et paru en 1997. Ils y sont en outre accompagnés de notices bibliographiques (de Jean-Louis Chamarot et Françoise Flamant) et y bénéficient de bonnes traductions (par les deux mêmes plus Marianne Gourg).
Boulgakov, à cette période, écrit tous azimuts, lui qui aura par la suite tant de mal à trouver un éditeur pour ses oeuvres majeures. Et à toute vitesse : «la fabrication d'un papier de soixante-quinze à cent lignes me prenait entre dix-huit et vingt-deux minutes dont celles passées à fumer et à siffloter ; la frappe prenait huit minutes, y compris les petites rigolades avec la dactylo./ Bref, en une demi-heure, tout était terminé», écrira-t-il. Pour être alimentaire, ce travail n'en est pas moins littéraire, et humoristique. Pour parler de la richesse des «nepmen», héros de la Nouvelle Politique économique (NEP) léniniste, et des incertitudes de la bureaucratie, il a purement et simplement recours, à l'occ