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Libération
Critique

Comme dans un roman populaire

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Deux études et des rééditions d'un genre qui triompha au XIXe siècle, telles les séries télés d'aujourd'hui .
publié le 23 juin 2005 à 2h43

Publiés en feuilleton, en livraisons ou en volumes imprimés à bas prix sur du mauvais papier, les romans populaires furent l'une des grandes affaires du XIXe siècle. L'accueil, pourtant, avait été assez frais. Dès 1839, Sainte-Beuve avait dénoncé dans la très sérieuse Revue des Deux Mondes les périls de la «littérature industrielle» et l'essentiel des élites lui avait emboîté le pas, fustigeant ces récits pernicieux et invraisemblables qui ruinaient la morale, rongeaient l'ordre social et précipitaient l'avènement du mercantilisme culturel. Les lecteurs, eux, s'étaient jetés avec passion sur ces milliers de pages écrites «à la vapeur». Lecteurs populaires bien sûr, fraîchement alphabétisés et avides d'aventures de papier, mais lecteurs avertis également, qui savouraient sans l'avouer les histoires interminables que débitaient les journaux. Historique, criminel ou sentimental, le roman populaire peupla ainsi l'imaginaire social de quelques figures majeures et récurrentes : l'enfant perdu (et miraculeusement retrouvé en fin de volume), la jeune fille pure, mais flétrie par les machinations d'ignobles scélérats, le Héros enfin, justicier, vengeur ou détective, qui oeuvre quatre cents pages durant au triomphe du Bien.

De ces milliers de récits par lesquels un pays tout entier accéda au livre et à la lecture, il n'est pas sûr qu'il reste grand-chose aujourd'hui. Auréolé de la gloire d'un Dumas récemment panthéonisé, un petit nombre d'auteurs comme Sue, Féval, Ponson du Terrail ou