Let's let's go est une de ces proses explosées que Frédéric Léal a introduites en littérature dès Selva en 2002. «Allons zi-zi», dit le sous-titre. Mais dans quoi ? Dans le récit bien arrosé d'un match de boxe à Gourdon (Lot) en compagnie de deux copains. Discours direct du droit ou indirect du gauche, Léal renvoie le roman dans les cordes et enthousiasme par son jeu d'iambes. Entretien avec l'écrivain qui termine son récit par : «Prisonnier d'un style ? mon cul !»
Le caractère déconstruit de vos textes pourrait-il vous faire classer dans ce qu'on nomme l'avant-garde ?
Moi, avant-gardiste ? Sûrement pas. L'avant-garde est une posture de groupe en réaction à un establishment qu'il s'agit de... remplacer. J'aime l'impertinence que sous-entend le mot «avant-garde». Mais elle est souvent salie par des compromis avec, d'une part, le ventre mou de l'art, d'autre part, des extrémismes douteux. La relation au pouvoir y est pathologique. Plus ambiguë est mon rapport à l'expérimental. Il y a un livre de Bernadette Mayer que j'adore, il s'appelle Expériences (1) (traduit par Juliette Valery, Format américain 1997, ndlr). Un génial garde-fou. Oui, toute écriture digne de ce nom est expérimentale. Elle se risque à se rater ce qui est toujours mieux que de céder à la pression conformiste, si forte en ce moment.
Plus qu'une recherche formelle, c'est l'évidence qui me guide. Au départ, il y a l'échec de m'exprimer «comme les autres», la sensation d'être à côté de ce que je veux dire. Alors