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Libération
Critique

Avec armes et Bagdad.

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Janane Jassim Hillawi revient sur la ligne de front de la guerre Iran-Irak qui fit un million de morts de 1980 à 1988.
publié le 30 juin 2005 à 2h48

L'Irak avait déjà eu sa «Grande guerre», il a désormais son Henri Barbusse. Pays de nuit, de Janane Jassim Hillawi, est le récit d'une épouvantable boucherie, la guerre qui opposa l'Irak à l'Iran de 1980 à 1988. Profitant de la faiblesse supposée de la toute jeune Révolution islamique, Saddam Hussein avait lancé ses troupes à l'assaut de son voisin. Mais, rapidement, les Iraniens se ressaisissent et repoussent les assauts irakiens avant de menacer à leur tour le Sud irakien. Bassora, la ville natale du héros, Abdallah, est quasiment sur la ligne de front. Les obus iraniens tombent dru sur la ville, semant la mort au hasard. Le grand port irakien du Sud, son seul débouché sur le golfe Persique, semble plongé dans une pénombre sans fin.

Pays de nuit s'ouvre sur le souvenir macabre des trois «espions» juifs pendus en plein centre-ville de Bassora. Mais même dans la maison d'Abdallah, la lampe se balance comme un pendu. La mort rôde partout : «La ville était un cimetière pour plus d'un million d'humains attendant le trépas dans l'effroi, la stupeur et le désespoir.» Le Chott al-Arab, le fleuve qui relie la ville à la mer, charrie une odeur putride. Abdallah, un étudiant qui se définit comme «indépendant» et refuse obstinément d'adhérer au parti Baas, est appelé sous les drapeaux. Mais se retrouve jeté en prison, faute de moustache. Brimades et tortures le poussent à s'évader. «Il s'effritait, se désagrégait en petites miettes d'homme (...).» Vite repris, il est envoyé au front.

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