Lorsqu'une lettre de Verlaine passe en vente, Michael Pakenham en est le plus souvent informé. Libraires et collectionneurs nourrissent la passion du vieil Anglais pour cette période du Parnasse et du Symbolisme. Elle lui semble marquée, dit-il, par «l'effervescence et l'innovation» : «Je suis plutôt timide mais persévérant (l'édition de la correspondance de Verlaine ne permet guère d'en douter), et je suis attiré par les gens qui osent lancer des défis, chavirer les conventions et qui sont prêts à lutter pour leurs convictions». Instituteur de formation, il abandonne la chimie pour le français après avoir lu des contes de Maupassant et, surtout, le Crève-Coeur d'Aragon, au programme de son université anglaise en 1950. Il devient assistant d'anglais à Marseille en 1951. Il a 22 ans et achète ses premiers «Pléiade» : les oeuvres complètes de Rimbaud, celles de Verlaine. Un spécialiste de Baudelaire, Marcel Ruff, corrige sa traduction d'un poème de Sagesse. En 1959, il débute sa thèse sur la Renaissance, «premier journal à paraître après le schisme engendré par la guerre de 1870 et la Commune». La plupart des poètes qui figurent dans le célèbre Coin de table, de Fantin-Latour, y collaborent. Pakenham devient lecteur de français à Nice, poursuit sa thèse, épouse une Française, poursuit sa thèse, rentre en Angleterre, poursuit sa thèse, est nommé à l'Université, poursuit sa thèse. Finalement, «cet albatros de thèse fut abattu un an après avoir pris ma retraite en 1994. Mon parco
Pakenham et son Parnasse.
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par Philippe Lançon
publié le 30 juin 2005 à 2h48
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