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Libération
Critique

To be Arnott to be

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Un tour dans le Londres du crime, avec pour guide Jake Arnott.
publié le 30 juin 2005 à 2h48

L'ombre de Harry Starks tombe sur le nouveau roman de Jake Arnott comme celle de Harry Lime sur le pavé mouillé du Troisième homme : absent jusqu'aux toutes dernières pages, il pèse néanmoins très lourd sur l'histoire. Starks était le gangster londonien au centre de Crime Unlimited ­ ressorti ce mois-ci en 10/18 -- et ce qu'il y a de plus réussi dans la fresque criminelle d'Arnott. Lequel n'est qu'un parmi la longue liste d'auteurs (Howard Baker, Mark Benney, etc.) qui ont récemment exploité la veine du Londres louche des années 50 et 60 ­ les «faces» (malfrats) assoiffés de publicité comme les frères Kray, les jumeaux psychotiques qui servent de figures tutélaires à Arnott et consorts.

Harry, comme les Kray, est juif, homosexuel, et pas qu'un brin volatile. «Lairy», comme écrit Arnott un peu trop souvent (un mot londonien difficile à rendre, à la fois «barge» et «agité», un peu comme le style de l'auteur). Comme eux aussi, Harry aime se mêler aux «célébrités» du moment, calibre Diana Dors ou Joe Meeks, le producteur de tapettes rock, ou encore Johnny «Cryin'» Ray et Judy Garland en extrême fin de course.

Cette façon de saupoudrer les fictions de noms célèbres est évidemment un signe des temps, mais aussi un des plaisirs coupables que leur lecture peut procurer. Et après tout, les «swinging sixties» chaloupaient à voile et à vapeur ­ période interlope durant laquelle on pouvait voir Julie Christie sortir avec le «crime reporter» du Guardian, et dont Donald Cammell a donné le p