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Critique

Tours au bon goût de Bonnefoy

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Expo. Double hommage autour de toiles rares de grands maîtres mêlées aux oeuvres du poète et essayiste.
publié le 1er juillet 2005 à 2h50

Yves Bonnefoy fait l'objet d'un double hommage dans sa ville natale. Le musée des beaux-arts de Tours propose un parcours pictural dans l'oeuvre du poète et essayiste né en 1923, où se côtoient entre autres, Mantegna et Poussin, Le Lorrain et Degas, Cézanne et Goya, Bram Van Velde, Balthus, Hopper et Giacometti.

Mélange des genres. Les salles voûtées du château de Tours, à quelques pas du musée, sont consacrées aux travaux pratiques. Elles présentent les livres d'artistes conçus en commun depuis douze ans par Bonnefoy et ses peintres et graveurs d'affinité, Alechinski, Ubac et Zao Wou-Ki, pour citer les plus connus. Comment se tissent les renvois des mots aux images ? Le mélange des genres n'a-t-il pas un effet de cannibalisme réciproque ?

Les organisateurs ont en tout cas voulu éviter de faire un «Musée imaginaire» façon Malraux, même si la comparaison est inévitable. Rassembler des oeuvres chères au poète dans un parcours muséal n'est pas une démarche similaire, mais pour le moins cousine. Là où l'auteur de l'Espoir dresse l'art en rempart contre la mort, la manière d'Yves Bonnefoy consiste au contraire, à l'exemple de son Arrière-pays (Gallimard), à confronter la peinture à la carnation et à la finitude. La scénographie est exempte d'effets de manche.

A défaut, elle permet de regarder dans de bonnes conditions des toiles rares, tel ce Pelele de Goya, venu tout droit du Hammer Museum de Los Angeles, où quatre jeunes filles en mantille bernent un pantin, animé