Menu
Libération
Critique

Vous faites terreur

Article réservé aux abonnés
Globalisation et terrorisme en précis d'économie libidinale. Premier roman.
publié le 1er septembre 2005 à 3h30

Il s'agit du monde globalisé, de son nouvel ordre, de ses contestataires et de sa terreur, du monde mort sous anesthésie générale, déréalisé, mis en orbite technologique, de notre monde quotidien, à nous qui n'avons plus besoin de choisir entre «jouir ou s'abstenir», car c'est devenu la même chose. Ce premier roman qui n'attend pas le nombre des années (l'auteur en a 29) est construit comme une dissertation en trois parties. Finalement, Hegel avait raison, c'est vivant. Il a la tête d'un roman à thèse, mais Camille de Toledo n'a pas oublié non plus les jambes, avec de l'action, de l'amour, des descriptions, du mystère, des personnages consistants. Mais comme on ne peut plus sérieusement écrire de romans réalistes, il a opté pour la fable philosophique, l'exotisme façon Las Vegas, en situant l'action dans un Paris-Texas de rêve creux.

Sur ce petit théâtre règne Léopold William Kacew, magnat de l'industrie onaniste et créateur des «Désirs sucrés», des jouets sexuels à tête de bonbons, et qui changent de couleur au gré des muqueuses de l'utlisateur. Par la grâce de ces gadgets, le monde bourgeois occidental (rebaptisé «bourjoie») est bientôt submergé par sa propre «autolâtrie», la part maudite est vaincue et chacun peut désormais accéder à la «publication de soi», c'est-à-dire au «droit garanti à l'épuisement complet de sa biographie, à condition que ça jute». On aura reconnu ici l'autofiction et quelques autres attitudes post-industrielles. Ce naufrage est acclamé par les média