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Libération

La base de Kuru.

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Thomas Gunzig laisse la conjuration aux imbéciles.
publié le 15 septembre 2005 à 3h41

Bruxelles envoyé spécial

Il aime Houellebecq, ce qui est plutôt bizarre, car il écrit nettement mieux que lui. Mais enfin, on ne va pas mettre Sade en prison parce qu'il préfère Darnaud à Rétif. A sa décharge, Thomas Gunzig, 35 ans, vit à Bruxelles, en plus d'être belge, et se tient à l'écart de l'inceste littéraire parisien où les critiques festoient avec les auteurs. Comme il ne fréquente pas les cocktails, il ne passe pas à la télé et quoique étant un des écrivains les plus doués de sa génération et dans son genre (c'est-à-dire le petit démêlé quotidien, la vie tristouille mais pas non plus le drame, un peu au-dessous de l'antihéros), il ne jouit pas de la renommée qu'il mérite (évidemment, s'il pensait de travers et s'il était sponsorisé par L'Oréal-Out of bed, ça irait beaucoup mieux pour lui).

Gunzig est cependant loin d'être un inconnu : on trouve son premier roman, Mort d'un parfait bilingue, en «Folio» et deux de ses recueils de nouvelles chez J'ai Lu. Publié depuis l'âge de 22 ans, il est aussi couvert de prix, dont aucun n'est hélas très médiatique. Il ne sait pas pourquoi on l'a invité à la Fête de l'Huma ce week-end, mais ses grands-parents maternels étaient des juifs communistes qui ont fait la guerre d'Espagne, la Résistance. Le grand-père est mort dans les camps, la grand-mère est partie en Pologne après la guerre. Puis elle en est revenue. Avec Kuru, Thomas Gunzig procure deux ou trois heures de jubilation courroucée, qui lui ont pris deux ans à écrire, car il