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Libération

Mozart est là.

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Thomas Lélu n'a aucune leçon d'idiotie à recevoir des crétins, son manuel de la photo ratée était une réussite.
publié le 15 septembre 2005 à 3h41

Il aime Houellebecq, Beigbeder et Dustan. C'est assez curieux, parce qu'il est plus drôle et plus critique que les trois réunis. Mais bon, on ne va pas reprocher à Proust d'avoir préféré Anatole France à Stéphane Mallarmé. A sa décharge, Thomas Lélu, 29 ans, a un père clown devenu prof de lettres et une mère psy à la clinique de La Borde. «J'ai connu Guattari avant ma naissance», se vante-t-il en plaisantant.

Je m'appelle Jeanne Mass est son premier roman mais son quatrième livre, après les fameux Manuel de la photo ratée et Récréations (chez Al Dante) puis, avec la poétesse Laure Limongi, la Rumeur des espaces négatifs (chez Léo Scheer). Le niveau de Récréations est, comme celui de Jeanne Mass, un peu en dessous de zéro. On y trouve par exemple une photo de maître Yoda sous-titrée «Oscar Wilde observant le monochrome bleu (IKB75) d'Yves Klein» et des jeux de mots nazes du genre «Mozart est là». Venu des arts plastiques, Thomas Lélu revendique cette posture. Faire l'idiot est pour lui une façon nécessaire de se situer, de provoquer des réactions. Il cite la sculpture la Nona ora de Maurizio Cattelan, représentant Jean Paul II écrasé par une météorite : «J'adore cette pièce, qui me fait l'effet d'un pet dans de la soie, mais quand on voit que les gens se retiennent de rire et la prennent au sérieux, ça révèle des choses sur un certain terrorisme idéaliste dans l'art contemporain.» Pour être sûr d'être idiot en plein, il a nourri l'écriture de son roman de conversations avec Je