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Libération
Critique

Vide fait bien fait

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Deux Thomas, Gunzig et Lélu, font la peau à quinze années de roman générationnel. L'humanité n'est pas à la fête.
publié le 15 septembre 2005 à 3h41

Thomas Gunzig et Thomas Lélu n'ont rien à voir. Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais lus (à l'heure où nous écrivons ces lignes). Leurs romans sont très différents, quoique tous deux très drôles et très méchants. Mais ils ont tout de même un point commun, sans faire exprès peut-être, parce que cela devait arriver, parce qu'ils sont nés avec et que d'ailleurs ça fatiguait tout le monde depuis quinze ans, cette histoire. Alors voilà : les deux Thomas ont assassiné le roman générationnel. Lélu s'est occupé du narrateur. Suicide par overdose d'ego. Gunzig a expédié les autres personnages en orbite. Manque de bol, des mutants velus passaient par là, ils n'en firent qu'une bouchée.

Le roman générationnel est un truc assez simple. Ses auteurs sont jeunes, leurs héros aussi. Ils sont tous hyper-fun et détaillent leur quotidien de petits-bourgeois comme si c'était intéressant, parce qu'ils se trouvent intéressants. Le narrateur de roman générationnel n'a rien de plus pressé que de nous communiquer ses idées à deux balles sur le monde. Par une pirouette délicieusement postmoderne, il réhabilite la morale la plus réactionnaire en rébellion «décalée».

Ainsi vénère-t-il la femme (quand il est un homme) et nous explique-t-il que la maternité est un truc trop kiffant (s'il est une femme). Quand il a fini de résoudre les problèmes politiques avec son grand coeur («mais pourquoi les gens ne peuvent-ils pas vivre ensemble tout simplement en paix ?» demande un personnage de Gunzig), sa v