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Libération
Reportage

Ystad, le cercle polar

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Cette ville de Suède connaît son heure de gloire depuis que le héros des romans d'Henning Mankell y mène l'enquête. Allemands, Français, Belges ou Coréens s'y pressent à la recherche des lieux du crime.
Ystad après une tempête, décembre 2013. (Photo AFP)
publié le 17 septembre 2005 à 3h43

L'officier de police Ewa Westford rit franchement. A l'entendre, de tous les lecteurs assidus des enquêtes criminelles du commissaire Kurt Wallander, les Allemands sont les plus exaltés. Comme d'autres, ils viennent visiter Ystad, petite commune de 16 000 habitants au sud de la Suède, là où toutes les intrigues du commissaire naissent et se résolvent, avec l'envie d'y retrouver l'atmosphère des romans. Mais quand ils se présentent au commissariat avec la ferme intention de «voir le bureau de Kurt Wallander», l'officier Westford, 52 ans, grande Suédoise aux cheveux noirs, se voit parfois dans l'obligation de les ramener à la réalité : «Mesdames, messieurs, je suis au regret de vous rappeler que Kurt Wallander n'existe pas. C'est un personnage de fiction, et moi je suis un vrai policier.» Face à d'autres, moins transportés, elle apostrophe ses collègues : «Vous avez vu Kurt ce matin ?» Les policiers, désormais familiers de cette requête, répliquent : «Il était là il y a cinq minutes, tu viens de le rater. Il a dû filer sur une importante affaire.» Sourire, clin d'oeil. Les touristes repartent satisfaits.

Sans Henning Mankell, l'auteur des aventures du commissaire Kurt Wallander, Ystad serait sans doute restée cette capitale de la Scanie, ex-province danoise, surtout connue pour détenir le record national des maisons à colombages (près de 300). Mais depuis quelques années, Allemands, mais aussi Français, Belges, Italiens et, depuis peu, Coréens affluent dans les ruelles pavées.