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Critique

Ainsi parla la Malwida.

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Femme de lettres, Malwida von Meysenbug fut proche de Wagner, de Romain Rolland et de Nietzsche, pour qui elle était la «chère amie pareille à une mère».
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

Il écrit : «Vénérable Mademoiselle», «Honorée amie», «Très gracieuse Mademoiselle» ou, une fois, «Très chère amie pareille à une mère». Elle : «Cher monsieur Nietzsche», «Cher ami», «Précieux ami» ou «Cher silencieux». La première lettre date du 24 juillet 1872. Friedrich Nietzsche avait alors 28 ans. Professeur de philologie à l'université de Bâle, il venait de faire paraître, en janvier, la Naissance de la tragédie. Malwida von Meysenbug avait 56 ans. Elle avait publié en 1869, anonyme, la première partie des Mémoires d'une idéaliste. Dans les années 1852-1859, elle avait séjourné à Londres, et fréquenté les cercles des révolutionnaires et démocrates en exil, Alexandre Herzen, Lajos Kossuth, Giuseppe Mazzini, Giuseppe Garibaldi, Louis Blanc ou Alexandre Auguste Ledru-Rollin. A Paris, elle avait connu Michelet et consolidé son amitié avec Richard Wagner. Lorsque commence la correspondance avec Nietzsche, elle s'apprête à quitter Florence pour Rome, où elle s'installera définitivement au début de l'année 1874. Malwida von Meysenbug et Nietzsche font connaissance en mai 1872, lors de la cérémonie de pose de la première pierre du Théâtre des Festivals de Bayreuth. A cette époque, les unit la même passion pour Wagner et pour la philosophie de Schopenhauer. Il n'avait pas lu les Mémoires, elle avait lu et apprécié la Naissance de la tragédie, que Cosima Wagner lui avait fait parvenir en Italie.

Les Mémoires d'une idéaliste n'ont pas été rééditées depuis 1908. L'image de Malwida v