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Libération
Critique

Fox ofÞce.

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Une employée de maison fait le ménage dans sa vie. Tout l'art de Paula Fox est dans la chute.
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

L'enfance est le socle de ce nouveau Paula Fox, rien d'étonnant à cela, la Légende d'une servante est le roman d'une vie. A San Pedro, île des Caraïbes où l'auteur a transporté les souvenirs d'un lointain séjour cubain, la petite Luisa déchiffre le monde. Elle attrape les reflets du soleil sur la machette des coupeurs de canne, apprend à déceler le sadisme des adultes, se rappelle s'être accrochée aux épaules osseuses des enfants qui la gardaient bébé. Entre chez elle, où sa mère exténuée impose une passivité prosaïque, et la case de Nana sa grand-mère adorée, où ses chagrins seront consolés d'une caresse ou d'une histoire, il faut affronter l'abominable troupeau de cochons. Senteurs, images et sensations déploient leurs fastes, mais l'insidieuse étrangeté est déjà là. Luisa va à l'école et n'a pas les oreilles percées. Elle est différente, elle le sait, son autre grand-mère possède le village entier, et les plantations, et la plus belle demeure, la vivienda. Luisa Sanchez s'appelle aussi Luisa de la Cueva. Sa mère, fille de cuisine à la vivienda, a fauté avec le fils de la maison. Nana n'a jamais pardonné à sa fille d'être malheureuse, elle ne la reverra qu'une seule et dernière fois, avant le départ. Luisa, sa mère et Orlando de la Cueva, autrement dit «Papà» : ils émigrent aux Etats-Unis.

La Légende de la servante est le roman de la répétition. La mère de Luisa savait lire et écrire, elle a pourtant dû travailler chez les autres, puis se tuer auprès d'un mari odieux et inc