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Libération
Critique

Karma soutra

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publié le 22 septembre 2005 à 3h47

Loin de Chandigarh parle de l'amour et du désir, de la fin de l'amour et de la fin du désir, et du déchirement quand l'un s'est évaporé et que l'autre est toujours là. C'est un roman où on trouve de très belles pages sur les aubes et les orages, des passages très drôles sur les gargotes de village et le chaos des routes indiennes, des analyses sanglantes sur les relations de pouvoir au sein d'un journal. On plonge avec délices dans les passages où le narrateur décrit les chênes argentés, kapokiers, flamboyants et banians qu'il a plantés dans son jardin. On approuve ce qu'il dit de notre fascination collective pour les chaînes d'information qui «ont le pouvoir étrange de nous procurer un sentiment d'adéquation avec le monde moderne. Un tremblement de terre à Porto Rico donne un sens à notre vie. Un Américain fou qui abat des enfants dans une ville du Texas lui donne un contexte».

Mais Loin de Chandigarh est avant tout un livre qui raconte comme rarement la passion et le manque, l'attraction des corps et la jouissance des femmes. Le livre commence par cette déclaration : «L'amour n'est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C'est le sexe.» Et c'est le début d'un texte lyrique et énergique, joyeux et nostalgique, qui emporte le lecteur, lui fait escalader et dévaler les montagnes au rythme du désir des deux amants. Dans cette histoire qui s'interroge aussi sur la fonction du récit dans la construction d'un amour et sur les relations entre énergie sexuelle et création, on l