Il existe à Lormes, bourg nivernais, une église aux dimensions de cathédrale. La nef est couverte de nombreux et menaçants chapiteaux bibliques. Cet édifice disproportionné fut bâti en 1865 : les chapiteaux sont de style néo-roman. Le décalage entre l'époque de leur création et celle dont ils réverbèrent l'esprit, dans ce lieu désert affrontant les monts du Morvan, saisit en émotion : le faux n'a jamais semblé si furieux, si vrai. Un soleil kitsch et une lueur naturelle déportent la conscience. Vers quoi ? Vers une chaleur, vers un mystère. Les Errances Druon, de Claude Louis-Combet, provoque la même sensation : à la fois physique et mentale. Louis-Combet a lu Lacordaire, grand esprit catholique et libéral du XIXe siècle. Comme lui, il semble chercher à jeter sur la page et dans les coeurs «quelques grâces dérobées au siècle». Ces grâces unissent, de toutes les façons et par toutes les exagérations possibles, le corps et la mystique.
Le livre nous place d'emblée dans «la masse trapue et ténébreuse de l'église, toutes portes ouvertes, avec sa générosité inlassable de vulve maternelle». Un prêtre est allongé sur le carreau face à une vierge qui saigne du sexe. Pendant ce temps, une femme meurt en couche. En chaire, jaillissant des ténèbres blanches du texte, l'écrivain de 73 ans fait le panégyrique de leur futur enfant, un saint du douzième siècle baptisé Druon. Cet écrivain, Claude Louis-Combet, a passé trois ans dans les ordres. Il avait 18 ans. L'histoire qu'il raconte est c