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Libération
Critique

La compagnie des eaux

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Réédition en fac-similé d'un ouvrage du XVIe siècle qui reproduit en aquarelles les canalisations de Rouen.
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

A l'origine, le livre devait rester un ouvrage unique. Voire secret : le tracé des canalisations d'eau alimentant la ville de Rouen, au XVIe siècle, alors la deuxième ville du royaume après Paris, ne devait pas tomber aux mains des ennemis, en cas de siège. Le Livre des Fontaines, sur vélin en couleurs, offert en 1525 à la municipalité, fut même surnommé le «Livre enchaîné», car attaché à une table de lecture. Depuis le XIXe, certains s'essayèrent à reproduire l'intégralité d'un ouvrage devenu légende mais se sont cassé les dents sur le format : les bandes de plans aquarellés se déploient sur près de 20 mètres linéaires et jusqu'à 1 mètre de hauteur. Les parchemins précieux, fragiles, sont restés protégés de la lumière et des regards dans les réserves de la bibliothèque municipale.

Benoît Eliot et Stéphane Rioland, architecte et graphiste rouennais, ont relevé le défi, profitant de la restauration en 2002 de ces manuscrits qui «sont un peu notre tapisserie de Bayeux». Leur jeune maison d'éditions Point de vues veut «partager l'oeuvre unique par sa multiplication et donner à voir l'invisible. C'est devenu possible grâce à l'évolution des techniques de numérisation et de traitement de l'image». Résultat : 555 exemplaires numérotés du Livre des Fontaines viennent d'être réédités.

Pour l'original, il avait fallu sept ans. Echevin de Rouen, notaire du Roy, mécène, homme de lettres, Jacques Le Lieur est chargé de dresser un état des lieux complet de l'alimentation en eau de cette vi