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Libération
Interview

Lamar au diable.

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Quand un Noir est en passe de devenir président des Etats-Unis, le rêve de Luther King en prend un coup dans l'aile. Entretien avec Jake Lamar.
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

Melvin Hutchinson est un personnage formidable, qui emballe le livre dès la première ligne, avec cette pulsion psychopathe : «Je pourrais tous vous tuer.» Hutchinson, à ce moment-là, fait face à un parterre d'hommes et femmes sur leur trente et un : le Millenium Club, cercle ultrasélect et ultra-influent de Washington dont il fait partie depuis vingt-cinq ans, s'apprête à lui rendre hommage pour son action au sein du gouvernement des Etats-Unis (on est dans un futur non précisé). Car «Hutch», qui retient entre ses dents un «Ouais, je pourrais tous vous buter», est attorney général, soit ministre de la Justice. Et noir, quand tous les autres participants au raout sont blancs comme neige. Hormis, évidemment, le gardien du club, Clarence, le seul à réchapper du fantasme d'«holocauste éclair» que nourrit «Hutch la potence» comme l'ont affectueusement surnommé les Américains transcendés par ses discours et ses mesures implacables. Ils lui doivent notamment le rétablissement de l'exécution par pendaison, justifié par un réalisme économique hiératiquement assumé : «On n'a pas besoin de se débarrasser en permanence de seringues coûteuses. Un gibet peut tenir très longtemps, s'il est bien fait. Et une corde bien solide peut être utilisée plus d'une fois, et épargner ainsi plusieurs millions de dollars aux contribuables» (à noter qu'une star de la télé ressemblant furieusement à Oprah Winfrey fait ensuite des pendaisons un reality show). Ils lui doivent aussi la création des fameux Ce