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Libération
Critique

Un peu Kurt, Linda.

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Mankell fait entrer en scène la fille du commissaire Wallander.
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

Ses enquêtes déprimantes et d'une passion ralentie dans le brouillard de Scanie l'ont fatigué. Il a vieilli, grossi. Il continue de boire et vit toujours seul. La plupart de ses collègues sont morts ou vont partir. On dirait qu'il n'y a plus grand-chose entre eux ­ sinon les crimes et délits. Son vieil ami éleveur de chevaux, avec qui il écoutait de l'opéra en se saoulant, finit sur un cancer. C'est l'extinction romanesque dans l'hiver scandinave. Bientôt, on le sent venir, le commissaire Kurt Wallander prendra sa retraite. Mais le lecteur de roman policier renonce mal à ses antihéros : leur mort ou leur disparition creuse un trou dans ses nuits. Henning Mankell est un romancier humaniste ; il y a pensé.

Le neuvième roman de la série est un livre de transition. Il met au premier plan un nouveau personnage : Linda, fille du commissaire. On l'avait vue, ici ou là, adolescente distante et rageuse, jeune femme absente. Elle vivait loin d'Ystad, la ville de Wallander, s'opposait toujours à son père : elle n'aimait ni son divorce, ni son mode de vie, ni son métier, et voulait faire de la tapisserie. A la fin du précédent roman, la Muraille invisible, elle annonçait toutefois qu'elle allait devenir flic et demandait à son père une bénédiction ­ qu'il donnait, à sa manière lente et muette.

Avant le gel débute, comme son nom l'indique, fin août 2001, environ deux semaines avant l'arrivée du premier gel et l'entrée en fonction, comme flic de base, de Linda Wallander. Elle a été affectée