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Libération

Au Þl d'Ecosse.

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publié le 29 septembre 2005 à 3h52

Commencer un roman dit réaliste par une prise de LSD est un tour de force littéraire. John Burnside est un poète écossais né en 1955 dont Métailié a déjà publié un premier roman, la Maison muette (voir Libération du 10 octobre 2003), dont le véritable héros était le langage lui-même et son lien avec la torture. On y trouvait un aspect fantastique, de même que la magie est très présente dans Une vie nulle part sans en altérer le caractère réaliste. Il y a une indéniable dureté dans les intrigues de John Burnside qui s’allie pourtant à la description non tant de personnages (même si ses héros en ont l’envergure) que de sensibilités. C’est comme si le narrateur ou l’écrivain acquérait par la distance plus de proximité avec ce et ceux qu’il raconte. La description de la montée du LSD est d’une sobriété rare. «Ce fut presque infime, au début. Elle avait plus chaud, et puis voilà.» Mais les sentiments vont changer, aussi bien les perceptions physiques que la compréhension du lien entre la jeune fille et le jeune homme, compagnons d’acide. Il y a de toute façon un monde magique où la reine des fées est prête à vous accueillir pourvu que vous abandonniez tout et tous sur terre, et certains, d’après les récits, quittent cependant ce paradis pour un retour chez eux. La jeune fille se confronte à cette alternative. «Elle ferma les yeux. D’une seconde à l’autre, à présent, la reine des fées allait apparaître à côté d’elle et lui demander si elle voulait l’accompagne