Pourquoi n'écrivez-vous que des nouvelles, et des nouvelles aussi courtes ?
Ce n'est pas un choix délibéré, c'est quelque chose qui a à voir avec l'endroit d'où viennent les histoires, les miennes viennent d'un endroit très instinctif, d'où ne peuvent venir les romans. Un critique a dit que mes histoires étaient comme des explosions, et on ne peut pas exploser lentement. Je pense aussi que je suis quelqu'un de très impatient, il y a quelque chose de très impatient dans mes histoires. Quand j'écris, je suis aussi un lecteur : je veux savoir ce qui va se passer. Souvent, je commence une description et je n'ai pas la patience de continuer, je me dis, allez, laisse tomber, qu'est-ce qui se passe ensuite ?
Quand j'étais petit, ma mère m'a raconté comment elle s'était enfuie de chez elle en Pologne pour échapper aux Allemands. Autour d'elle, tout le monde courait. Et il y avait cet homme avec une horloge sur le dos, qui courait de plus en plus lentement et qui est tombé. Ce que j'ai retenu de cette histoire, c'est qu'il ne faut pas laisser les choses vous encombrer, il ne faut emporter que soi-même. C'est comme avec un bateau dont la coque est trouée : on jette par-dessus bord tout ce qui n'est pas indispensable pour atteindre le rivage à temps. Tous les objets de cet appartement sont à ma femme, même les livres. Quand je lis un livre, si je l'aime, je le donne à quelqu'un, sinon je le jette.
Quel est le sujet de vos histoires ?
La plupart parlent de la distance entre ce que la vie p