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Interview

Electrochoc.

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Goliarda par le cinéaste Citto Maselli.
publié le 6 octobre 2005 à 3h58

Né en 1930, assistant de Visconti et d'Antonioni, documentariste et metteur en scène, Francesco (dit Citto) Maselli a formé un couple orageux avec Goliarda Sapienza, pendant dix-huit ans. Il reçoit, comme chez lui, au Rosati, le café élégant des artistes, Piazza del Popolo à Rome.

Parlez-nous d'elle et de vous.

Tout commence peut-être avec Pirandello, dont j'étais le filleul et qui est à l'origine de mon intérêt pour le théâtre. Communiste, j'avais été l'un des chefs de la lutte antinazie dans les lycées romains. Depuis 1940, Goliarda avait fréquenté l'Académie d'art dramatique à Rome et participé à la Résistance. La guerre finie, elle quitte l'Académie et fonde avec d'autres le T45, le théâtre 1945. La première pièce fut Jeunesse malade de Bruckner. J'ai vu les dix représentations. Elle y était sublime. J'en étais follement amoureux. Son susurré montait du diaphragme, du coeur du corps et imposait un silence de cristal jusqu'au poulailler. A Rome on ne parlait que d'elle. Le plus grand critique de théâtre italien l'érige en nouvelle Duse, la Sarah Bernhardt italienne. Visconti veut monter une compagnie avec elle, mais elle l'éconduit. Le théâtre ne l'intéressait déjà plus.

Personne ne savait où était passée la Sapienza. En juillet 1947, je la rencontre par hasard à une exposition. Le mythe était devant moi, et j'eus le courage de lui adresser la parole. On parla de onze heures du matin jusqu'à deux heures de la nuit, enfiévrés. Nous partîmes en vacances en Sicile, pas loin l'u