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Libération
Critique

Etre du Liban.

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Dans la saga de Charif Majdalani, le narrateur hésite, le grand-père plante des orangers et les Turcs bannissent toute la famille en Anatolie.
publié le 6 octobre 2005 à 3h58

L'Histoire de la Grande Maison est un pur et complexe produit du métissage. Le roman raconte l'histoire d'une famille libanaise orthodoxe francophile, de la fin du XIXe siècle jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il est écrit en français, sa langue maternelle, par un Arabe chrétien. Pour savoir ce que cet Arabe chrétien dit des Arabes chrétiens, du métissage et de la littérature francophone (mais aussi de l'immigration, des minorités ou des Ostrogoths), il faut lire Petit traité des mélanges, du métissage culturel considéré comme un des beaux-arts (1), un essai où il traite de ces questions avec enthousiasme, générosité et légèreté, et qu'il aurait pu aussi bien appeler Eloge de l'impureté, comme il a titré l'un des chapitres.

Le roman, l'Histoire de la Grande Maison donc, pourrait être décrit comme une saga familiale ou «comment Wakim Nassar, jeune homme de la bourgeoisie orthodoxe et proscrit de Beyrouth pour des raisons obscures, réussit, à force d'intelligence, d'orgueil, de courage, de panache et de sens politique, à inventer la culture de l'oranger au pays du mûrier, à fonder une famille et un clan». La «grande maison», au milieu du domaine d'Ayn Chir, autrefois la campagne, aujourd'hui un quartier de Beyrouth, est le symbole de sa réussite, de sa puissance et de sa gloire. La deuxième partie du livre raconte comment la Première Guerre mondiale, le bannissement en Anatolie et la folie égoïste d'un de ses fils déferont ce que Wakim a fait. A cause de la dista