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Libération

Il ne fait que passé.

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publié le 6 octobre 2005 à 3h58

Y a-t-il une vie après le passé ? L'amour, comment s'en débarrasser ? Tels sont les thèmes principaux du Passé, roman d'Alan Pauls, Argentin né en 1959 et qui aime se placer dans la lignée de Roberto Bolaño et Enrique Vila-Matas. Ce n'est pas tant le sentiment amoureux lui-même qui encombre Rimini, le héros, mais la présence perpétuelle de Sofia avec qui il a vécu douze ans et qui ne cesse d'apparaître dans sa vie. Dans un entretien à El Pais, Alan Pauls prétend que ses deux influences les plus nettes furent Marcel Proust et l'humoriste américain Jerry Seinfeld : «Proust est comme une ombre tutélaire de mon livre. Il est imprégné de cette conception du temps selon laquelle nous pataugeons toujours dans le même magma du passé. Concernant Seinfeld, je reconnais qu'il est ma seule drogue des années quatre-vingt-dix, et je le situe sur le même plan scientifique et esthétique que Proust. Sa façon d'éplucher les expressions de la passion filtre dans le roman.»

On laissera Alan Pauls seul responsable de son interprétation particulière d'A la recherche du temps perdu. Divers éléments permettent indéniablement de déceler des éléments proustiens dans le Passé : les longues phrases sinueuses, l'importance presque caricaturale de la jalousie, la capacité de Rimini à tomber amoureux de femmes qui ne sont pas son genre, le rôle de la traduction dans le lien entre l'art et la vie, la capacité à identifier un personnage à un tic de langage comme les parenthèses (ou même un détail vestimentai