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Libération

Le minou de Drouet

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publié le 6 octobre 2005 à 3h59

Un ingrédient manque cruellement à cette saison littéraire : la Grande OEuvre Posthume Inédite. L'an dernier, la poignante Suite française d'Irène Némirovsky avait campé avec brio le rôle du revenant, au point de décrocher le Renaudot. Le Prix Chartier, plus modeste mais tellement sympathique, avait couronné un roman de jeunesse de Balzac, l'Anonyme, publié en 1823 et oublié depuis. Cette année, nuls vieux papiers en vue (du moins d'auteurs français), il va falloir faire rien qu'avec du neuf.

Il y a bien le premier roman de François Weyergans, Salomé, écrit à la fin des années 60 et jamais publié, mais on nous assure que son auteur est encore terriblement, atrocement vivant. A tel point qu'il continue d'écrire des livres, ce qui finit de torpiller l'affaire.

Houellebecq ? Bon candidat : à la fin du mois, il va être enterré en Ecosse. L'université de Saint Andrews organise à sa mémoire la conférence «The World of Houellebecq» où, pendant deux jours, des spécialistes américains, canadiens, britanniques, scandinaves viendront commenter son oeuvre immense. Cependant, renseignement pris, il semble que Michel Houellebecq soit toujours vivant lui aussi et que cette cérémonie doive se dérouler en sa présence. L'idéal serait que Houellebecq disparaisse subitement sans laisser derrière lui rien d'autre que des recueils de poèmes violents et prophétiques. Un matin, on lirait dans le journal : «Le vélo de l'écrivain a été retrouvé vide de son occupant à 12 h 42 dans le bois de Vincennes,