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Libération
Critique

Le mythe résiste

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Une biographie de Berty Albrecht, où la militante féministe n'est plus occultée par l'image de martyre de la Résistance.
publié le 6 octobre 2005 à 3h59

Alors que tout semblait avoir été dit sur la résistante Berty Albrecht dans la passionnante biographie rédigée par sa propre fille (Mireille Albrecht, Vivre au lieu d'exister, Editions du Rocher), voilà que trois ans plus tard Dominique Missika nous invite à redécouvrir le parcours «unique et contradictoire» de cette bourgeoise qui tourna le dos aux conventions de son milieu. La justification de ce nouveau récit de vie serait, à en croire l'éditeur, de mettre fin à la légende de la décapitation de Berty Albrecht. Les archives la détruisent, révélant que la prisonnière s'est pendue, geste salvateur pour échapper aux tortures de ses bourreaux et préserver le secret, mort inscrite dans la logique de son existence aux dires mêmes de ses proches. Dominique Missika déconstruit le mythe à la vie longue : François Mitterrand, dont les beaux-parents, les Gouze, hébergèrent la résistante jusqu'à son arrestation, ne sait en 1989 si la hache ou la corde causèrent sa mort. Pareille hésitation persistante fait sens, ce que s'attache à montrer l'auteur qui remonte aux sources de la construction de cette version. Mais c'est là la conclusion de l'ouvrage, dont la valeur est ailleurs. Mireille Albrecht avait rédigé un récit intime qui s'attachait davantage à la personne et à son engagement qu'à l'inscription de l'une et de l'autre dans leur temps. C'est précisément cette dimension retrouvée qui fait l'intérêt de cette étude, nourrie des travaux en histoire des femmes.

Avant de devenir la résis